Artiste Benoît-Basset

Du 08.04 au 28.05

Benoît Basset

Marie-Paul Benoît-Basset est née à Innsbruck, en Autriche, dans cette région du Tyrol qui lui est si chère, elle y a passé sa prime jeunesse, jusqu’à l’âge de sept ans, et Dieu sait que se sont des années qui comptent. Ses parents, arrivés en Autriche à deux en repartent à cinq. Enfance heureuse au milieu d’une famille très unie, dans cette atmosphère particulière d’un pays occupé, au milieu d’une population certes démunies mais chaleureuse.
Puis passage par Marseille, puis l’Algérie, pendant la guerre, à la fois période de bonheur car la famille est restée rassemblée dans ce pays riche de couleurs et de senteurs nouvelles, mais aussi que de peurs, d’angoisses et d’insomnies pour une enfant de dix ans. Puis les quatre coins de France, au gré des déplacements familiaux, à la fois déstabilisations mais aussi richesse des rencontres et des paysages.

Sans doute en raison de certaines prédispositions génétiques, un grand père capitaine au long cours et un peu aventurier comme il en existait au début du siècle précédent, une maman née à Brest puis embarquée pour plusieurs années au Canada avec ses parents à l’âge de quelques semaines, peut-être en raison de toutes les pérégrinations qui ont marqué son enfance et son adolescence, BB a gardé le goût du voyage. Je veux parler surtout de voyages au bout du monde et des contacts avec les gens d’ailleurs qu’elle affectionne, en Asie par exemple ou elle séjourne chaque hiver depuis quelques années, je veux parler de ce voyage intérieur, le plus difficile, le plus long, le plus laborieux, celui qui nous permet d’essayer de mieux nous connaître nous-mêmes et d’en tirer les conclusions. 
Ce voyage intérieur aide à éduquer le regard, à le rendre plus aigu, plus incisif, il permet à l’artiste d’observer avec plus de pertinence son environnement. BB ne peint pas de paysages ou de natures mortes, elle nous présente des scènes de la vie sociale qui nous entoure, que son œil d’artiste observe avec ironie, parfois avec sévérité, souvent avec tendresse et amour.
Comme l’a si bien écrit Paul Rondepierre, professeur d’arts plastiques, « BB ne peint pas de tableaux mais un tableau, une toile unique et singulière dont elle déploie un peu plus chaque jour l’immense surface. Une paraphrase du texte « La brodeuse », de Michael Gaumnitz » pourrait s’appliquer parfaitement à elle :
« Je vous parle d’une femme qui peint,
Qui peint toujours,
Et qui ne comprend plus ce que vivre veut dire
Sans peindre ».

Une paraphrase du texte « La brodeuse », de Michael Gaumnitz » pourrait s’appliquer parfaitement à elle :

« Je vous parle d’une femme qui peint,
Qui peint toujours,
Et qui ne comprend plus ce que vivre veut dire
Sans peindre ».

Ses personnages sont intemporels, bien sûr les costumes extravagants et leurs couleurs vives et chatoyantes peuvent évoquer des cours royales ou impériales, du Moyenne Âge peut-être mais pourquoi pas d’un autres univers, on pourrait les rencontrer au coin d’une rue, dans un château ou un bouge de Star Wars ou Game of Trones.
Les bouches sont pincées, nous ne sommes pas dans le discours qui est souvent mensonge et comédie, nous sommes dans les yeux et dans le regard, plus souvent reflet de la vérité des sentiments. L’artiste nous conduit dans cet univers étrange, univers du profane, de l’apparence, de l’ego et de l’intrigue. Bijoux et ornements sont magnifiés par la pâleur des peaux, les corps sont sensuels et charnels. Les plaisirs de l’amour, de l’ivresse et de l’intempérance sont en filigrane. Se  devine aussi en regardant certaines scènes de festins ou de dégustation, l’intérêt tout particulier que porte l’artiste à la gastronomie.
Est-ce purement descriptif ou veut elle nous indiquer par la une route vers la spiritualité, une spiritualité toute personnelle, épanouie et fraternelle mais aussi parfois hédoniste, voir jubilatoire.

Et les enfants, bien sûr, ils sont là, très souvent présents, dans les bras de leur mère ou le regard brillant de gourmandise devant la vitrine du pâtissier. Ils sont dans ses toiles comme ils sont dans sa vie, préoccupation essentielle, souci permanent, bonheur de tous les jours.
Son style est si particulier et si singulier que, pour qui les a vues une fois, ses toiles se reconnaissent immédiatement. La facture est techniquement classique mais la réalisation se situe dans le contexte contemporain de la « Nouvelle figuration ».
Vous avez devant quelques échantillons de son travail, poursuite inlassable de sa route, au gré des rencontres, des inspirations, de son évolution personnelle, travail acharné, qui, par chance, constitue son bonheur quotidien, sa respiration.

Femme d’antan ?

Femmes, mégères aux seins d’albâtre
Lorgnant seigneur bien plus que pâtre
Femmes, cochonnes à hauts talons
Le rose aux fesses jamais au front

Femmes, filles et mères de tous vices
Que, seuls, parfois, les yeux trahissent
Maquillées d’or et de brocart
Langues vipères masquées de fard

Femmes d’antan, ô combien femme
Femmes d’antan, pas seulement.

À Marie-Paul Benoît-Basset en témoignage de mon admiration jubilatoire et misogyne.
Jean Basset

BB deux initiales qui veulent dire Benoît-Basset, et rien d’autre ! Un monde à par où le surréalisme flirte avec académisme qui nous amènerait presque dans l’univers de la renaissance italienne, des couleurs étranges que l’on ne trouvent pas dans la nature. Les personnages sont d’une autre époque, d’une autre planète, d’un autre univers.

Un univers terre à terre, gourmand, sensuel; d’ailleurs j’y ai rencontré Epicure. Le plus curieux c’est que, dans cet univers profane, autour de la grande table, il y a avait Dieu. Quel gueuleton nous avons fait ce jour là ! La nourriture était bonne, le vin coulait à flots et les danseuses plus belles que jamais. Heureusement que Noé avait sauvé la vigne, sinon il n’y aurait plus eu de fêtes et c’est dans ses fêtes que Benoît-Basset nous invite, nous amène, nous entraîne et nous la suivrions jusqu’au bout du monde 

Luis Marcel 
Directeur de l’Art en Marche La Palisse


« Je vous parle d’une femme qui brode,

Qui brode toujours,
Et qui ne comprend plus ce que vivre veut dire
Sans broder.
Je vous parle d’une femme tout entière dans ses mains, dans ses doigts,

Accrochée à des fils, rivée au métier, 
Absente dans la trame qui se noue devant elle, 
Avec dans sa tête, des millions d’images
Qui défilent, se défont, 
Et finissent par exploser 
En bouquets étincelants,
Avant de disparaître dans la nuit. »

« La brodeuse »
Michael Gaumnitz

12- Le bicorne vert - 120cm x 60cm.

Benoît-Basset ne peint pas des tableaux, mais un tableau. Toujours le même inlassablement. Une toile unique et singulière dont elle déploie un peu plus chaque jour, l’immense surface. Epeire Diadème de la peinture, elle capture des instantanés étonnants et variés. Toujours colorés de couleurs belles. Elle organise ainsi le déroulement de sa vie autour d’un gigantesque tableau-puzzle, infini polyptique.
Comme ‘La Brodeuse » du vidéaste Michael Gaumnitz brode, Benoît-Basset peint.

Et au-delà du frémissement rétinien qu’elle déclenche chez les spectateur, et des anecdotes véhiculées par ses images, l’essence et le sens même de la production plastique de Benoît-Basset ne seraient-ils pas justement dans cette boulimie créative ? Dans cette addiction à l’acte créateur ?

« À notre insu peut-être, Benoît-Basset nous entraîne du côté de l’Art conceptuel, cette démarche artistique contemporaine souvent hermétique, qui donne plus à penser l’œuvre dont la matérialité n’est qu’un prétexte, déclencheur de la réflexion et de l’émotion du spectateur qu’à la voir ? Oui, n’y aurait il pas de l’art contemporain dans son travail apparemment ancré définitivement dans l’art traditionnel occidental ?  » 

Car, consciemment ou non, ne soulève-t-elle pas la même interrogation existentielle qu’un Opalka alignant méthodiquement les chiffres de un  à un à l’infini, pour matérialiser la fuite du temps, Saturne inexorable et impitoyable qui fait de nous ces fragilités agitées, à lui désespérément soumises ?
Mais, au diable les discours ! L’important, n’est-il pas ce que Marie-Paul nous donne à voir.
Alors je vous en prie, laissons la peindre…

Paul Rondepierre (Professeur d’arts plastiques)
Moulins, le 17 janvier 2011

 

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